En cette 1ère moitié d’année 2009 deux événements majeurs ont marqué le quotidien du judo français : la réorganisation des équipes de France et plus généralement du « haut niveau » français d’une part et la refonte des compétitions nationales cadettes décidée lors de l’Assemblée générale
de la Fédération française de judo et disciplines associées du 27 au 29 mars d’autre part.
Or, ces deux initiatives ont une caractéristique commune : ne pas avoir associé (ou de manière marginale pour la refonte des compétitions cadets) les professeurs de judo, base de notre organisation sportive et fédérale, à la prise de décision.
En effet, la refonte des compétitions cadets est un cas typique où l’avis d’un panel représentatif de professeurs, si il avait été mis en place, aurait permis de mettre en lumière tout une série d’effets pervers liés à ce bouleversement de l’année cadet (le problème du coût pour le club est un exemple, le respect de l’intégrité physique à cette tranche d’âge en est un autre…etc.).
Cette réforme, s’ajoutant à d’autres, dont les professeurs ont été tout autant écartés nous pousse aujourd’hui à prendre la plume pour ouvrir un débat dont le judo français ne peut plus se permettre de faire l’économie : à savoir la place des Professeurs de judo dans la direction choisie par et pour le judo dans notre pays.
Occupant historiquement une position absolument fondamentale au sein du système français, les professeurs sont les acteurs de terrain qui, quotidiennement, initient, modèlent et perfectionnent la très grande majorité des judokas de ce pays, et cela dans une diversité pédagogique qui fait la richesse du professorat français.
Or, l’évolution du judo français vers une emprise fédérale croissante de notre discipline sportive, a eu pour effet de nous mettre progressivement à l’écart des débats fondamentaux et des lieux où se décidaient les grandes orientations choisies pour notre art martial.
En ce sens, l’interview donnée par Patrick Roux au SNAPJDA synthétise de manière claire et concise les interrogations, problèmes, inquiétudes qui sont à l’origine de ce Manifeste.
Soyons honnêtes : les professeurs ont aussi leur part de responsabilité dans ce processus d’éloignement puisque trop peu d’entre nous ont compris l’importance d’être présents dans les institutions élues pour pouvoir défendre notre point de vue.
Cependant, nous avons la faiblesse de penser que les instances fédérales doivent, elles aussi, s’interroger sur leur responsabilité dans la situation actuelle. Ainsi, il a souvent été déclaré que la participation et la concertation serait au cœur de la politique de notre fédération, notamment à travers la bouche des DTN fraichement désignés (Brigitte Deydier déclarait ainsi lors de sa nomination en 2005 : « Le projet de développement de la Fédération doit rassembler toutes les forces du Judo Français, les professeurs, les élus, les Equipes Techniques Régionales et les Cadres Techniques. La réussite de ce projet se construira sur les valeurs de notre sport : l’écoute, le respect, la recherche de performances et le travail en équipe »). De même, René Rambier nommé le 1er avril 2009, déclarait dans une interview sur Judo TV que « c’est avec toute la famille du Judo Français que nous pourrons réussir ce projet (N.D.L.R : être une nation phare au niveau international)».
Malheureusement, force est de constater que ces annonces de concertation sans doute vues comme inévitables par les Directeurs Techniques nationaux dans leur première déclaration au judo français, ne furent et ne sont toujours que trop peu suivies d’effets.
Pour ne pas prêter le flanc à la critique qui verrait ce Manifeste comme uniquement basé sur un registre de la diatribe, voici quelques pistes de réflexion que nous proposons de mettre au débat, et dont nous pensons que, si celui-ci est mené de manière saine, le judo français en sortira vainqueur.:
Mise en place d’une commission, se réunissant sur une seule journée, où les professeurs seraient conviés pour échanger et proposer sur les choix majeurs du judo français et qui le touchent au 1er chef :
4 axes de travail :
les professeurs et le haut niveau
les professeurs et la formation au professorat
les professeurs et la compétition.
les professeurs et les orientations fédérales en général
Une commission par ligue, d’où sortirait un rapport rédigé rapidement et qui remonterait aux instances fédérales. Election de représentant des profs au niveau national (1 par Ligue) qui assisterait aux débats finaux sur la réforme en question à Paris.