Ukemi est un mot nominal japonais composé de deux caractères, « uke » et « mi » qui semble être inventé de façon relativement tardive par les pratiquants de jûdô pour désigner des principes techniques qui lui sont, eux, bien antérieurs.
En effet, lorsque Kanô Jigorô publie enfin entre 1915 et 1916, dans la revue jûdô, une série de 14 articles consacrée à la description des principes de son école et intitulée Explication sommaire du jûdô Kôdôkan, il n’emploie pas, dans la partie qui leur est consacrée, ce mot d’Ukemi. Il lui substitue des tournures verbales que sont « les techniques pour se réceptionner lorsque l’on tombe, lorsque l’on est projeté ou lorsque l’on nous fait tomber ». Pour en souligner l’importance, Kanô Jigorô place leur explication en premier lieu des explications techniques, précisant que sans leur maîtrise le jûdô n’est pas possible.
Par contre, quelques années plus tard, le terme apparaît dans le Dai-Nihon jûdô-shi (Histoire du jûdô du Grand Japon) de Maruyama Sanzô et publiée en mai 1939 (1170 pp+70) afin d’établir une sorte d’état du jûdô depuis ses influences puis sa création et jusqu’à la mort de Kanô Jigorô survenue le 4 mai 1938, ce qui démontre que la réflexion occupe, pendant quelques années, le centre des préoccupations du Kôdôkan.
Dans son acceptation moderne la plus courante, « Uke » (celui de tori / uke), a pour sens subir, éprouver. Quant à « mi », il signifie le corps.
Ainsi, la traduction d’ukemi est, littéralement, « le corps qui subit ». Il est à ce propos intéressant de noter qu’ukemi ne s’utilise pas uniquement en jûdô, mais également en grammaire où il désigne alors la voie passive, ce qui corrobore la traduction précédente.
L’étymologie graphique du caractère Uke est riche d’enseignement et nous apporte un complément d’informations qui ajoute encore au sens précédent. En effet, elle représente l’acte de recevoir quelque chose dans ses mains directement depuis les mains d’autrui en prenant soin que cela ne tombe. Il s’agit donc de la transmission directe et complète d’une chose concrète ou abstraite. En jûdô, celui qui effectue ukemi est donc une personne qui reçoit dans sa chair, dans son corps et au travers de celui-ci une leçon, une expérience totale, intégrale. Ukemi devient donc : « le corps qui subit et apprend ».