Deux façons d’écrire kata, les deux pouvant se traduire simplement par « forme » mais avec un sens différent. La première (kanji 1) est la forme conventionnelle pour écrire le kata dans les arts, car cette pratique codifiée n’est pas propre au judo, ni même aux budo, il en existe dans d’autres domaines, tels que la cérémonie du thé ou l’arrangement floral.
Il se compose de deux parties principales, une supérieure et une inférieure. Cette dernière signifie la terre. L’image est celle d’une forme gravée dans la terre. Son sens est celui de moule, c’est à dire la forme unique, en creux, qui va servir à fabriquer, à mouler des objets.
Mais ce n’est pas ce caractère que Kanô a choisi : il est le premier à avoir choisi le second. Son sens premier est celui de « motif », mais aussi de « trace », ce qui reste après que quelque chose se soit produit et témoigne de l’événement. Enfin, c’est la forme démoulée. Chaque motif d’une étoffe est à la fois semblable à son voisin, tout en étant autre. C’est leur répétition qui forme le motif de l’étoffe. Chaque trace de pas sur la plage moule le même pas, mais c’est leur répétition qui forme la trace.
Deux caractères, deux philosophies différentes du kata qui s’affrontent dans les autres arts que le judo. Ainsi, en karate, si la graphie est officiellement la première, on trouve de plus en plus souvent la seconde et, aujourd’hui, la fédération japonaise de Karate a ouvert le débat pour fixer une fois pour toute l’orthographe correcte : réponse dans quelques mois.
« Dans le kata, la façon d’agir est fixée à l’avance et n’offre aucune place à l’initiative d’un côté ou de l’autre. Pourquoi cette façon de faire est-elle nécessaire en plus du randori ? Parce que si l’on ne base l’entraînement technique en judo que sur ce dernier, il est difficile de s’exercer à percer, frapper, donner des coups de pied ou fendre. Si l’on frappe ou fend pour de vrai, on se blesse. C’est pourquoi lorsque l’un vient en frappant ou fendant il faut que la façon d’éviter l’attaque soit convenue afin de s’exercer sans risque. C’est une des raison de la nécessité du kata en plus du randori. Qui plus est, en randori, on limite soi-même son éventail technique et le kata est un outil parfait si l’on souhaite travailler toutes les techniques utiles de façon exhaustive. Dans l’enseignement des langues, entre les exercices de composition, on peut enseigner naturellement la grammaire mais, en vérité, pour enseigner la grammaire, il faut ménager des moments qui lui sont réservés. Pour cette même raison, en plus du randori, sur le plan de l’entraînement technique, le kata ne doit pas faire défaut. En outre, pour que le judo soit aussi un exercice d’éducation physique, en plus du randori, le kata est indispensable. Comme le randori est un exercice où l’on rivalise avec un partenaire, ses apports sur le développement physique sont nombreux. Cependant, si l’on souhaite développer son corps harmonieusement, il n’y a pas de moyen plus adapté que le kata. Enfin, il existe encore une raison pour laquelle on doit compter sur le kata. C’est l’entraînement à ce que j’appellerais la une forme de danse. Par exemple, si l’on souhaite que, le mouvement de toutes les choses entre le ciel et la terre, les pensées ou émotions par exemple, transparaissent au travers des déplacements des quatre membres, du tronc ou de la tête, il faut se fier au kata. Dans le judo d’autrefois, de tels katas n’existaient peut-être pas mais ils existent maintenant parmi ceux du judo Kodokan et je souhaite dans l’avenir augmenter quelque peu leur nombre en y associant la formation spirituelle et en leur liant également un intérêt quant à l’éducation physique. »