C’est manifestement une habitude dans notre club de Cagnes sur mer cher à Alain Bini, de faire pèlerinage au Japon. Cette année encore, nombreux ont fait ce voyage : Thomas Rouquette et Guillaume Adamczyk secrétaire et président du club se sont retrouvés plusieurs mois ensemble à Tokyo, Florence Carre la trésorière et cheville ouvrière du JCC, Alain Lany, Christophe et Jérôme Masoni et ce mois ci le 24 exactement Robert Bonnard à son tour réalisera enfin un rêve de gosse, fouler le tatami du Kodokan et revoir son Sensei Ishii Isamu.
Vous trouverez dans cet article au jour le jour ses impressions avec photos et commentaires joints. En avant première voici ci dessous le programme de ce séjour organisé par la Fédération Française de judo destiné aux enseignants provenant de toutes les régions de France.
Demain débutera notre stage dans l’université de Tenri.
Notre arrivée à OSAKA ce lundi 25 octobre 2010
12 heures d’avion, 7h de décalage.
J’ai fait un peu de change à Paris 1€ = 100 Yen (pratique pour le calcul mais non avantageux …crise oblige)
Notre groupe arrive à OSAKA comme prévu à 8h15 après avoir pris la navette interne de l’aéroport nous prenons le bus qui nous emmène à Tenri 2 heures plus tard Tenri est une ville de la préfecture de Nara c’est un centre spirituel de la religion Tenrikyo;
Par chance la température est douce mais dans l’après midi nous aurons cependant la pluie. Nous sommes reçus et briffés par la direction de grand Church lieu de notre résidence appelée Kunina. Dans une salle dès notre arrivée, nos accompagnateurs de la Fédération Judo : Patrick Vial, Serge Feist, Brunet Christophe, Dubos Claude, Lionnet Michele, et Janicot Didier nous donnent les consignes du séjour.
Choix des chambres pour deux ou trois puis douche et furo pour se détendre. une chambre traditionnelle pour deux avec « futons » pour la nuit.
Il nous restera le temps avant de manger d’aller louer nos vélos pour la semaine ce qui facilitera nos déplacements.
Mardi 26 octobre,
Shinji Hosokawa directeur du dojo de Tenri Champion olympique en 1984 en – de 60 kg nous souhaitera la bienvenue en français.
Ne waza avec Yoshimi TSUJI sensei 64 ans 8 dan
Il nous démontre son tokui waza « Tate shio gatame » sous toutes les formes puis Okuri eri jime. Nous avons la chance d’avoir dans notre groupe le fils Kawaishi, » Norikazu » qui nous servira d’interprète efficace avec tous ces intervenants.
– Le midi et le soir nous mangeons dans des petits restos
douche bains furo et dodo !
dommage ! vous n’aurez pas de vidéos, juste quelques photos car on a pas le droit de filmer.
En soirée nous serons invités par nos hôtes japonais.
Biru et sake à volonté et chants fraternels de part et d’autre.
Mercredi 27
Matinée avec Toyokazu Nomura 62 ans 8 dan Champion du monde 69 entraineur à l’université Kanazawa
Il tient davantage du sumotori que du judoka mais quelle vivacité !
Etude de seoi en déplacement mais …sur l’arrière ! L’entrée classique pour lui nous explique t-il sert davantage d’échauffement car on le fait en uchi komi statique. Il nous parlera de la stabilité lorsque nous portons une technique ayant fait passer quelques uns de nos jeunes enseignants perdant l’équilibre le plus souvent lors des nage komi et… en effet !
L’après midi avec Hiroshi Minatoya 67 ans Champion du monde 67-69 entraineur lui aussi à l’université de Kanazawa Kogyo un physique de jeune homme quant à lui.
Il nous parle de son judo pendant une bonne heure et je commence à me geler lorsque enfin nous attaquons les techniques sur o soto gari, o soto otoshi pour finir sur harai goshi.
Nous rentrerons à vélo sous la pluie et le froid, heureusement notre hôte nous réchauffera avec une » sake soirée !!…
Jeudi 28 octobre,
Ce matin nous travaillons avec Kouji Komuro 33 ans 5 dan
Enseignant à la préfecture de Tokyo Excellent pédagogue
Il nous propose du ne waza Nous faisons nos gammes, « Eby » avant arrière et les éducatifs en nous précisant l’intérêt de bien les faire.
Puis nous commençons une série de shime waza dans l’après midi
Okuri eri jime, sode guruma, hadaka jime, kata ha jime, koshi jime.
Ensuite nous étudions les kwansetsu : A partir d’un uke en défense tortue, ude garami, ashi gatame; la journée est passée beaucoup trop vite.
Je suis resté après la séance pour regarder les universitaires s’entrainer. Petit échauffement bien scandé itchi ni san…puis uchi komi, chacun faisant son tokui waza soit statique soit en déplacement, la vitesse de rotation est extraordinaire et ça chôme pas.
Après les ukemi suivent les randori, les encouragements fusent, les chutes sont nombreuses, il est vrai qu’une centaine de judoka s’affairent sur les tatamis pour légers moyens et lourds. Les attaques sont vives toujours avec le souci de bien faire, liaisons, contres, tout s’enchaine avec des petits cris de satisfactions lorsqu’il parviennent à faire tomber et sporadiquement ces mêmes encouragements qu’ils reprennent d’un bout à l’autre du dojo. La soirée se passera au petit resto japonais pas cher mais trop bon.
Demain relâche…journée libre ! nous visiterons la ville Impériale de Kyoto mais je vous en parlerai à mon retour.
Vendredi 29 octobre
Ce matin journée libre nous prenons le train pour Kyoto dans la région du Kansai, Ancienne capitale Impériale du Japon de 794 à 1868.
Pour le train après deux changements difficiles ( les japonais sont aussi peu doués que nous pour les langues) nous pénétrons dans la ville pour visiter le Palais Impérial que nous contournerons par le parc, l’entrée n’étant pas accessible. Le parc est démesuré tout comme la porte d’entrée gigantesque !
Puis nous visiterons le Pavillon d’or résidence du Shogun Yoshimitsu Ashikaga dans un parc admirable avec de nombreuses essences et de fleurs, La journée passera trop vite car nous bénéficions par chance du beau temps.
En rentrant pour reprendre notre train nous nous promenons dans la gare de Kyoto qui est à elle seule un monument faisant office de centre commercial, tout y est immense avec des allées comme des boulevards où y circule une vraie fourmilière et pourtant celle ci est d’une propreté exemplaire, j’ai cherché vainement le moindre bout de papier ou un endroit qui soit négligé.
Samedi 30 octobre
Championnat du Japon Universitaire 30 et 31 octobre (Gymnase d’Amagasaki Kinenkouen proche de Nara)
Nous y passerons la journée de ce samedi. Les combats sont âpres, dès les débuts de combat on se bataille pour le kumi kata. Ça se décale, se déplace constamment avec des attaques précises et liées (avnt/arr arr/avnt) des amenés au sol avec retournements rapidement exécutés…Un festival !
ils prennent tous des risques tournant le dos fréquemment et si l’attaque est inopportune la sanction arrive aussitôt, mais ce sont des chats sur le tatami car ils arrivent à se récupérer dans des positions invraisemblables.
Lors des entrainements que j’ai pu voir à Tenri on ne saisit pas dans le dos mais lors de cette compétition par équipe il n’était pas rare de les voir plier l’adversaire pour le saisir dans son dos jusqu’à la ceinture.
Les filles sont aussi combatives que les garçons et si l’une perd elle se met à genoux devant son entraineur qui doit certainement la sermonner
les garçons,(certains) posent juste un genoux.
L’ambiance est énorme, chaque université est groupée dans les gradins et scande le nom des leurs avec des frappes de mains et des hurlements en cœur; lorsque une attaque est lancée ce sont des cris de joie et comme les attaques ne manquent pas je vous laisse imaginer le vacarme.
Notre retour sera épique car sur les 36 nous nous retrouverons à une vingtaine à rentrer à Tenri par le train avec un billet collectif.
Le directeur de Tenrikyo Kunina nous reçevra cette dernière soirée avec des attentions d’amitiés qui n’en finissent pas. La bouteille de sake est à nouveau ouverte, chocolats, vins d’espagne et …Kampai !!
Dimanche 31 octobre
Nos valises sont prêtes nous partons pour Tokyo avec le train au départ de Tenri jusque Osaka pour prendre le Shinkanzen puis le métro station Korakuen à deux pas de l’hotel Wing proche du Kodokan.
La ville est gigantesque, des buildings partout, la foule, la circulation, les vélos sur les trottoirs tout le monde roule à gauche et marche de même, il nous faut constamment rectifier notre position pour ne pas gêner le flux, nous croisons des personnages bizarres dont personne ne semble faire attention, tout est surprise tout nous interpelle.
L’hôtel International Wing nous remet nos clés pour accéder à nos chambres individuelles fort bien aménagées avec écran plat télé, accès à Internet, téléphone, frigo etc…et surtout un vrai lit avec des draps.
Par chance le petit groupe avec lequel j’ai sympathisé depuis le début du stage retrouve un judoka qui vit depuis plusieurs années à Tokyo il nous fera découvrir un quartier typique pour cette première journée.
Mais je vous parlerai demain de mes premiers pas sur … le tatami du Kodokan !
Mata ashita
Lundi 1 novembre
Le Kodokan est un immeuble moderne mais banal de 8 étages. A l’une des entrées trône la statue de Jigoro Kano et quelques mètres plus loin la deuxième que nous prenons pour y pénétrer.
Nous passerons cette première journée au 7eme étage dans une salle qui nous est réservée où nous étudierons les Kata. Ce matin c’est Nakahashi sensei qui nous explique le Katameno kata. L’après midi Sanshiro Yamamoto pour le Nage no kata.
Je découvrirai la salle mythique au 8eme étage du Kodokan après les cours de kata.Sur les quatre grands tatami des enfants font les échauffements et à
19h ce seront les adultes qui viendront à leur tour s’entrainer.
Je remarque un homme âgé assis sur un banc chaque judoka ne manque pas de le saluer en entrant c’est Daigo sensei 10 eme dan.
Au rez de chaussé une boutique est ouverte où l’on peut acheter t.shirt, k7, livres et divers objets souvenirs. En sous sol se trouve le musée du Kodokan.
Mardi 2 novembre,
Le matin nous poursuivrons nos études de kata avec Naoki Murata il nous fera travailler le kime no kata.
L’apres midi ce sera le Itsutsu no kata.
A 19 h entrainement des adultes et des ados pour la plupart, ça bataille gentiment, certains sont âgés et prennent encore du plaisir à faire randori.
mercredi 3 novembre
C’est un jour férié national … »jour de la culture ».
Ce jour-là de nombreuses manifestations culturelles, célébrant la vie, la liberté, la paix et la culture, se déroulent dans tout l’archipel japonais….mais pour nous c’est une journée libre nous découvrirons les quartiers de la capitale Shinagawa, Shibuya, Harajuku, Shinjuku, … la pratique du métro s’avère quelque peu difficile cependant les japonais prendront toujours le temps avec le sourire de nous aider.
L’hôtel Wing me prévient que mon Sensei Ishii Isamu viendra me faire visite jeudi durant l’entrainement au Kodokan.
Jeudi 4 novembre,
Dernière journée au Kodokan, nous la consacrerons à un séminaire sur le thème » Comment enseigner aux enfants » par Michiro Mukai.
Apprentissage de la mobilité des corps avec divers jeux impliquant la vivacité de réaction, apprentissage des « ukemi », les huit déséquilibres, les entrées en ne waza « hairi kata » avec la mobilité des jambes et les enchainements en « o sae komi ». Cette dernière intervention clôturant notre stage.
(à droite Norikazu Kawaishi traduisant les explications de Michiro Mukai sensei )
Comme convenu Ishii Isamu est venu me rencontrer au Kodokan. C’est à présent un vieux monsieur que j’ai eu du mal à reconnaitre 50 ans nous ont séparé, j’avais alors 15 ans.
Nous nous sommes remémorés ces années passées à Perpignan dont il a gardé un très bon souvenir. Il semblait cependant fatigué ayant subi m’a t-il dit plusieurs séjours en hôpital ce qui ne l’a pas empêché de venir néanmoins depuis Nagano proche du mont FUJI d’où il demeure
voir sur ce lien son histoire >
Vendredi 5 novembre
Sayonara Nihon, sayonara Tenri, Tokyo ! sayonara Ishii Isamu…
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage…